La suite : 7 exemples
Les JO Antiques : La trêve militaire 776 avant J.C.
Dans une Grèce éclatée en cités, les Jeux génèrent une trêve olympique, qui autorise les athlètes et spectateurs à traverser librement des zones de guerre. Les champions sont d'authentiques héros populaires, couverts d'honneurs à leur retour. 2310 ans plus tard et sur fond de guerre des Malouines, l'Argentine affronte l'Angleterre en quarts de finale de la coupe du monde 1986. Maradona scelle le destin d'une rencontre de légende, pacifique quoique sulfureuse.
Le calcio fiorentino : la guerre des gangs en pleine Renaissance
Parmi tous les ancêtres communs du football et du rugby (en particulier la soule) on compte le « calcio » de Florence. Par sa violence et l'extrême engouement du peuple lors de ses rencontres, il n'est pas sans rappeler les gladiateurs de Rome. Les quartiers de Florence s'affrontent sous les yeux de la foule, dans un jeu de possession de balle. Seuls les membres de l'aristocratie peuvent en découdre, ne laissant aux roturiers que la possibilité de matchs improvisés dans les ruelles.
Le 19e siècle : Le sport dans le concert des nations
L’hégémonie du vieux continent donne des envies d’impérialisme. Un esprit sain dans un corps sain : la doctrine Victorienne se dilue rapidement dans un sport d’élite destiné à la bonne éducation des jeunes aristocrates. La Révolution industrielle aidant, les sports nés pour la plupart outre-manche se développent dans le monde entier par voie maritime. C'est pourquoi beaucoup de clubs très anciens sont situés dans des villes portuaires (Le Havre en France, Bilbao en Espagne). Le développement du prolétariat assure leur succès. Plus de 100 ans plus tard, l’Inde est toujours une grande nation du Cricket. Pierre de Coubertin rénove en 1896 les Jeux Olympiques : les états nations rivalisent maintenant sur les terrains.
Sport et totalitarismes : les JO de Berlin
En plein essor, le sort offre aux masses la possibilité de se divertir, de s'occuper, et aux chefs d'Etat avertis un moyen de contrôle social parfait. Conducteur d’idéologie, le sport n'a jamais autant été une vitrine qu'à l'ère totalitaire des Mussolini, Franco ou Hitler. Pour les JO de Berlin en 1936, le Führer confie à Leni Riefensthal le projet d'un film magnifiant la race aryenne : les Dieux du stade. Les jeux doivent se montrer à la hauteur de la civilisation allemande : ils sont grandioses. Malheureusement pour le 3e Reich, Jesse Owens vient gâcher la fête : l'athlète noir américain remporte 6 médailles.
La guerre froide : le sport à bloc
40 ans durant et à l'image du monde, le sport est bipolarisé. 1971 : Nixon envoie en Chine une délégation de pongistes américains et crée l'illusion de l'entente. L 'affrontement a pour point d'orgue les rencontres sportives entre Américains et Soviétiques. 1980 : les USA boycottent les JO de Moscou. Quatre ans plus tard, l'URSS répond à Los Angeles. A l'Est, la pression et le dopage boostent les performances. Certains sportifs doivent s'exiler, tel le Hongrois Puskas. Les nageuses de RDA restent un symbole d'une époque de l'excès. Aujourd'hui, quelques vestiges : l'entraineur de foot Nord Coréen est au bagne pour mauvais résultats. Et bien sûr, l'effort sportif de la Chine, dans la course aux médailles. A l'Est, rien de nouveau ?
Les années 60-70 et la contestation
Les années 60 sont celles de la liberté capillaire. Les blonds de l'Ajax d'Amsterdam ont les cheveux longs et la fougue de leur jeunesse. En pleine ascension du trotskisme, des black Power, entre Mai 68 et la guerre du Vietnam, la conscience politique gagne les mentalités des sportifs. Mohammed Ali affiche son militantisme. A Mexico les noirs lèvent le poing. Feu Socrates et ses coéquipiers du Corinthians de Sao Paulo créent un véritable club autogéré en pleine junte militaire (un temps où les généraux ont droit de regard sur la feuille de match). Pourtant, La coupe du monde de 1978, organisée dans l'Argentine de Videla ne sera même pas boycottée. Voyons en Javi Poves (footballeur anticapitaliste de Gijon ayant raccroché les crampons) l'un de leurs descendants, à l'heure où les sportifs sont considérés comme cupides et désenchantés.
Les temps récents : Le mariage dure.
Le discours actuel tend à opposer le sport dépolitisé des démocraties au sport totalitaire d'antan. Pourtant, la politique et le sport font bon ménage, pour le meilleur et pour le pire. En 95, Mandela voit le sacre de l'Afrique du sud à la coupe du monde de Rugby. La fin de l'apartheid est haute en couleur. Le 12 juillet 1998 voit le triomphe de la France Black Blanc Beurre, dénoncée par Le Pen. Knysna verra la chute de gamins égoïstes, de petits « caïds des banlieues ». La France brule les idoles qu'elle avait porté au pinacle. Quelque temps avant, Domenech recommandait aux joueurs de chanter la marseillaise. La foule des supporters algériens avait envahi le Stade de France, reliquat d'une guerre encore dans les mémoires. Le tout copieusement commenté par les politiciens. Il y a peu, 73 Egyptiens mourraient dans un stade. Les pro Mubarak tenaient leur revanche.